Si tu suis mon compte Instagram, tu as forcément remarqué que je parle régulièrement de l’Écosse. C’est également un thème qui revient dans « Sauter le pas ». Il y a une explication simple : j’ai vécu en Écosse pendant plusieurs années avant de m’implanter pour de bon en Norvège.
Laisse-moi t’en parler.
Une pause dans ma vie étudiante
J’ai suivi des études d’anglais à l’université de Nice. Techniquement, c’était au siècle dernier, donc ça fait une plombe. À l’époque, on essayait déjà de nous orienter plus vers le CAPES ou l’agreg que vers des écoles de traduction ou d’autres maîtrises (professionnalisantes ou non).
Une expérience commune pour beaucoup d’étudiantes de ma section était donc de partir faire assistante de français à l’étranger, généralement au Royaume-Uni. J’ai postulé sans véritablement y croire à cause de mon âge, puisque j’étais en dessous de l’âge d’entrée quand j’ai envoyé ma candidature.
Quelques semaines plus tard, j’ai reçu confirmation que j’avais obtenu un poste dans un endroit reculé de l’Écosse : les îles Shetland.
J’avoue que sur le coup, j’ai ressenti une immense déception, vu que j’avais demandé une ville, et j’ai songé à ne pas partir, ou bien à demander que mon dossier soit replacé dans la pile pour une redistribution. Quitte à habiter dans une campagne, autant résider dans une campagne sur le territoire et pas à trois cents kilomètres en mer du Nord.
Finalement, j’ai décidé de partir en me disant qu’après, je pourrai me rendre directement en Norvège, à Bergen, à la fin de mon contrat.
En atterrissant aux Shetlands, je ne vais pas te mentir, j’ai le ventre qui s’est serré tout de suite. Je n’ai pas détesté, mais j’ai compris très vite que j’allais avoir du mal à vivre dans un endroit aussi plat, sans arbres et tellement battu par le vent qu’il est parfois impossible de marcher. Pour moi qui suis relativement indépendante, devoir dépendre constamment des autres pour se déplacer était une torture. Je me souviens d’une fois où mes logeurs m’ont « oubliée » dans le village d’à côté. Je crois que je suis rentrée en stop…
Cela dit, j’ai pu prendre contact avec une culture nouvelle pour moi, une nouvelle langue et des spécialités culinaires qui demeurent encore parmi mes préférées.
Le résultat des courses est que j’ai trouvé un autre travail une fois sur place. Je travaillais dans des écoles pendant trois jours et dans un hôtel le reste du temps. Après quatre mois dans la place et un déménagement dans la capitale (Lerwick, 10 000 habitants), ma dernière logeuse en date a réussi à vendre sa maison. J’ai eu le choix entre rester dans un endroit qui ne me plaisait pas vraiment, avec très peu d’opportunités culturelles, sans savoir où trouver un logement abordable… ou bien rentrer en France et commencer un semestre de maîtrise tout en travaillant à côté.
C’est cette deuxième option que j’ai choisie. Je suis rentrée pour Noël et j’ai rapidement trouvé un travail dans une galerie d’art tout en faisant ma maîtrise.
Je gardais encore dans la tête mes rêves d’Écosse (particulièrement Glasgow) et éventuellement de Norvège, mais il a encore fallu attendre plusieurs années.
On repart… à Glasgow
Quatre ans plus tard, ma maîtrise et mon DEA en main, je me suis réinscrite à la fac pour suivre des cours en « candidate libre » et pouvoir prétendre à postuler pour redevenir assistante. Je vivotais grâce à des petits boulots dans le tutorat ou bien à la réception d’établissements hôteliers, ce qui me donnait l’occasion d’utiliser mes langues vivantes.
Mon dossier envoyé, j’ai reçu une réponse me disant que j’étais placée sur liste d’attente. Pour être honnête, je n’avais pas grand espoir d’être prise et j’ai été d’autant plus ravie quand j’ai appris qu’on m’avait confié un poste non seulement à Glasgow, mais dans la deuxième plus grande école de la ville, qui contient le département des langues le plus important.
J’ai fait un bond de joie et j’ai accepté, même si ça a voulu dire mettre un terme à la relation que j’avais à l’époque.
J’ai donc débarqué sur le territoire écossais et j’ai commencé à explorer la ville. La première semaine s’est terminée par un roadtrip dans les Highlands qui s’est conclu sur une tragédie, puisqu’un conducteur a défoncé notre voiture. Si on s’en est tirés relativement indemnes, lui-même n’a pas eu cette chance et est décédé à l’hôpital le lendemain.
Ça a été une expérience marquante pour moi, parce que je n’ai pas su gérer le traumatisme. Prise par le tourbillon des découvertes culturelles dans cette nouvelle ville, j’ai enchaîné, le travail, les sorties, les concerts, les promenades, sans véritablement digérer le fait que j’avais frôlé la mort.
Les premiers symptômes de choc sont apparus un an après et pendant plusieurs années, j’ai eu du mal à voyager, je n’ai plus pu tolérer certains bruits métalliques et j’ai eu des absences régulières.
Encore maintenant, 18 ans plus tard, il m’arrive d’avoir des montées de sueur incontrôlées où je me retrouve à nouveau sur cette route des Highlands, entre les épaves de nos deux voitures, alors que l’autre conducteur hurle dans son habitacle.
De très bons souvenirs culturels
Mais Glasgow, c’était avant tout de bons souvenirs culturels. J’ai pu aller plusieurs fois au théâtre, notamment pour voir The Bacchae, avec l’acteur Alan Cumming. La scène métal et gothique était extraordinaire, avec des concerts toutes les semaines. J’ai vu toute une série de groupe, dont Amon Amarth, Enslaved, Mayhem, Morbid Angel et Gorgoroth. C’est dans une boîte/salle de concert du centre-ville appelée Cathouse que j’ai croisé Gaahl pour la première fois !
La deuxième année, j’ai aussi découvert mon musée préféré : la collection Burrell située au milieu d’un parc au sud de la ville. Pendant des mois entiers, je m’y suis rendue tous les week-ends. J’ai même postulé pour devenir guide bénévole, chose que je n’ai malheureusement pas pu faire avant de quitter Glasgow.
La meilleure cuisine que je connaisse
Oui, c’est rare d’entendre une Française dire qu’elle apprécie la cuisine britannique, mais je ne mens pas. Ma deuxième logeuse aux Shetlands préparait de la nourriture fraîche tous les jours et j’ai appris à préparer des dumplings ainsi que des Yorkshire puddings.
Plus tard, je me suis découvert une vraie passion pour le full Scottish breakfast (mais sans le carré de saucisse rose). En fait, les protéines et le gras en brunch le week-end, ça te tient pendant des heures entières.
Le haggis, le crumble, le black pudding, le sticky toffee pudding de Heinz (dans une boîte de conserve), les scones, les tatties scones, le Christmas pudding à la crème au brandy, les plats de poisson ou encore une bonne bouteille d’Innis & Gunn pendant une chaude journée d’été à Édimbourg… Je parie que je t’ai mis l’eau à la bouche !
Où que tu ailles en Écosse, si tu aimes les bons petits plats bien nourrissants, tu y trouveras ton bonheur.
Conclusion
Alors, quand est-ce que tu bookes ton voyage ? Perso, au fil des années, j’ai gardé le contact avec l’Écosse à travers les recherches que je dois effectuer pour mes traductions de romances historiques.
Je surfe également sur la popularité du rêve écossais dans la romance dans mon livre Rêverie, le premier tome de « Sauter le pas ». Cendre, mon héroïne, ne rêve que de guerriers en kilt qui chevauchent sur des landes battues par le vent. Elle va vite se rendre compte que la réalité dépasse le fantasme.